Le chrétien et la coutume
Colossiens 2.8
L’une des raisons avancées par les adversaires irréductibles du Christianisme pour le combattre est son rejet systématique des coutumes et traditions. Et leur argument-massue est que le Christianisme est une religion importée contraire aux traditions ancestrales et de surcroît un objet d’aliénation promu par le Colonisateur en vue d’anéantir toute velléité d’autodétermination. En fait, il s’agit d’un mauvais procès, car il est impossible à un homme de rejeter intégralement sa culture et sa tradition. S’il le faisait, il ne pourra plus vivre parmi les siens ni les amener à adopter sa nouvelle religion.
La foi, il est vrai, est une adhésion du cœur à des croyances religieuses ; et qui dit religion doit s’attendre à des règles, interdits, lois à observer strictement.
La coutume, quant à elle, est "la manière d’agir établie par l’usage chez un peuple, dans un groupe social …" La coutume n’est pas le fruit d’une révélation divine ; elle n’en a même pas la prétention. Très souvent, certains l’assimilent à la tradition ; ce qui est contestable, puisqu’il y a une différence entre les deux notions même si elle est ténue. La tradition est plutôt "la façon de transmettre un savoir abstrait ou concret, de génération en génération par la parole, par l’écrit ou par l’exemple." C’est aussi, dans un sens plus étendu,"une manière de penser, de faire ou d’agir, qui est un héritage du passé" ; et qui dit héritage parle de transmission. Le Christianisme, par contre, et en particulier le Christianisme évangélique, revendique son origine révélée donc divine. Il est convaincu de la divinité de Jésus-Christ et du caractère intégralement inspiré de la Bible. A partir donc de là, le chrétien ne peut plus se soumettre totalement à une coutume qui n’est ni universelle ni entièrement fiable. «Vérité en-deça des Pyrénées, erreur au-delà.» La coutume est relative, locale et changeante. Elle résulte du brassage entre les communautés, les peuples et les nations. Elle s’élabore au gré des prescriptions des autorités politico-religieuses en dehors de toute contradiction ou débat communautaire. Elle est avant tout le fruit de la culture. Elle n’est pas entièrement mauvaise en soi, ni totalement anti-biblique ; elle recèle en elle-même de certaines valeurs morales et pratiques si positives, si utiles, si humanistes voire indispensables à la vie en société qu’il ne viendrait à l’esprit de personne de sensée de les mépriser : l’obéissance aux parents, le respect des aînés, la soumission aux autorités administratives, la solidarité familiale, les bonnes manières en société, les exhortations à fuir la paresse et la mendicité, la condamnation du sexe avant le mariage, de l’adultère, de l’inceste et des déviances sexuelles, la réprobation de l’arrogance, de l’orgueil, de la vanité et de l’égoïsme, l’altruisme, l’amour du prochain, l’hospitalité entre autres sont manifestement d’inspiration divine.
L’apôtre Paul parlant aux chrétiens de Rome disait :
Romains 2.14-16 « Quand les païens, qui n'ont point la loi [la thora ou pentateuque], font naturellement ce que prescrit la loi, ils sont, eux qui n'ont point la loi, une loi pour eux-mêmes; ils montrent que l’œuvre de la loi est écrite dans leurs cœurs, leur conscience en rendant témoignage, et leurs pensées s'accusant ou se défendant tour à tour. C'est ce qui paraîtra au jour où, selon mon Évangile, Dieu jugera par Jésus-Christ les actions secrètes des hommes. »
Oui, Dieu, notre Créateur, a placé dans chaque âme vivante la notion du bien et du mal, du licite et de l’illicite, du bienséant et du malséant. Hélas, certains hommes et certains groupes d’hommes rejettent ces valeurs universelles pour se livrer à des pratiques contraires au bon sens . Il est difficile aujourd’hui de promouvoir l’anthropophagie rituelle, les sacrifices humains, le trafic d’organes à des fins cultuelles, l’exposition aux animaux sauvages des enfants nés d’une certaine manière, le veuvage traditionnel, les mariages forcés, le mariage des mineures, la polyandrie, l’échangisme, l’exclusion de la femme de la succession de ses ascendants…
C’était pourtant des coutumes autrefois établies ! Et pourquoi aujourd’hui les condamne-t-on ? Eh bien, à l’évidence, elles n’étaient vraiment pas justes. C’est ici l’occasion de se désoler des aberrations venues d’ailleurs qui foisonnent actuellement dans nos sociétés africaines au nom du modernisme.
C’est contre toutes ces pratiques coutumières erronées que La Bible qualifie de "Vaines manières de vivre" (I Pierre 1.17-25) que se dresse en fait le Christianisme, selon ce qui est écrit dans Romains 12.2 et Éphésiens 4.17-32 que nous citerons en partie :
Éphésiens 4.17-19« Voici donc ce que je dis et ce que je déclare dans le Seigneur, c'est que vous ne devez plus marcher comme les païens, qui marchent selon la vanité de leurs pensées.
Ils ont l'intelligence obscurcie, ils sont étrangers à la vie de Dieu, à cause de l'ignorance qui est en eux, à cause de l'endurcissement de leur cœur.
Ayant perdu tout sentiment, ils se sont livrés à la dissolution, pour commettre toute espèce d'impureté jointe à la cupidité. »
Même si c’est une tradition religieuse qui tente de violer un commandement de Dieu au motif de rendre un culte à Dieu, le chrétien doit s’opposer à cela. Le passage de Marc 7.8-13 est assez édifiant à cet égard :
« Vous abandonnez le commandement de Dieu, et vous observez la tradition des hommes. Il leur dit encore : Vous anéantissez fort bien le commandement de Dieu, pour garder votre tradition. Car Moïse a dit : Honore ton père et ta mère ; et : Celui qui maudira son père ou sa mère sera puni de mort. Mais vous, vous dites : Si un homme dit à son père ou à sa mère : Ce dont j'aurais pu t'assister est corban, c'est-à-dire, une offrande à Dieu, vous ne le laissez plus rien faire pour son père ou pour sa mère, annulant ainsi la parole de Dieu par votre tradition, que vous avez établie. Et vous faites beaucoup d'autres choses semblables.»
Combien encore aujourd’hui, à l’image de ces pharisiens et scribes du temps du Seigneur Jésus, privent leurs ascendants et parents de tout soutien au motif qu’ils ont fait un vœu à Dieu (I Timothée 5.8)?
Combien, à cause de la foi chrétienne, ont rejeté leurs familles et leurs villages (I Jean 3.17) ?
Combien refusent sans raison valable de composer avec leur entourage non chrétien (Romains 12.14-18) ?
La foi chrétienne n’est pas contre la coutume et encore moins contre les relations conviviales ; mais elle s’oppose à tout ce qui est contraire à la bonne manière de vivre édictée par la saine doctrine biblique. Elle s’oppose aux traditions humaines d’inspiration douteuse ; elle se dresse contre tout enseignement d’homme de nature à conduire à la violation de la volonté de Dieu. Elle invite le chrétien à la soumission (Romains 13) et au respect des lois de sa communauté, si et seulement si elles ne violent pas l’enseignement de la Bible (Actes 4.19). La foi chrétienne nous enseigne à ne médire de personne (Tite 3.2 ; I Pierre 2.1) ; elle nous refuse la moquerie du prochain(Psaume 1) et la compagnie des hommes violents (Proverbe 22.24 ; Proverbe 3.31). Le Christianisme enseigne au chrétien la douceur, le pardon et le respect des autres (Romains 12.17-21 ; ). La foi chrétienne ne nous enseigne pas à nous moquer de ceux qui n’acceptent pas notre foi ou notre conception de la vie chrétienne, mais au contraire, à les convaincre de la justesse de notre foi avec douceur et respect (I Pierre 3.5 ; II Timothée 4.2). Si effectivement je suis dans la vérité, je ne ferai pas usage de mensonge, de moquerie ou de diffamation pour gagner mon frère à mes convictions religieuses. Le mensonge vient du diable (Jean 8.44), et tout menteur est un enfant du diable (I Jean 3.4-10). Le Christianisme nous enseigne que l’amour de Dieu passe d’abord par l’amour du prochain (I Jean 4.7, 16) :
I Jean 4.20 : « Si quelqu'un dit : J'aime Dieu, et qu'il haïsse son frère, c'est un menteur ; car celui qui n'aime pas son frère qu'il voit, comment peut-il aimer Dieu qu'il ne voit pas? »
II Jean 1.6 :« Et l'amour consiste à marcher selon ses commandements. C'est là le commandement dans lequel vous devez marcher, comme vous l'avez appris dès le commencement. »
Pasteur Dewis HILLAH
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