Pourquoi Dieu punit-Il parfois l’iniquité des rois sur leurs peuples ?
II
Sam 24
I Chroniques 21
Au
détour de la Bible, nous tombons souvent sur des passages bibliques
qui nous étonnent tellement car ce que nous y lisons heurtent notre
compréhension de la justice et des jugements de Dieu.
Au
nombre de ces passages, nous pouvons citer II Samuel 24 et I
Chroniques 21. Pour
quelles raisons Dieu peut-Il traiter moins rigoureusement l’auteur
principal d’une transgression pour punir plus durement des
personnes qui n’ont pas participé directement à ce péché ?
C’est
sur cette situation troublante pour le commun que portera notre
réflexion de ce jour.
La
punition est l’action de punir. Elle est communément définie
comme la sanction négative ou la peine que subit une personne suite
à une violation d’un commandement édicté par une autorité
supérieure ou un supérieur hiérarchique. La punition est donc la
peine infligée à quelqu’un pour une faute dont elle est jugée
coupable. De manière plus prosaïque, la punition est assimilée au
châtiment qui est le traitement violent infligé à une personne
suite à la transgression d’une loi établie par une autorité
supérieure ; l’autorité supérieure pouvant être Dieu, le
roi, une autorité politico-administrative, les parents ou même
l’employeur. La punition a pour but de décourager toute violation
future de la règle édictée ou du commandement. Elle ne doit pas
être une violence jouissive de l’autorité supérieure, autrement
c’est une vengeance. Et la vengeance, contrairement à la punition,
vise la destruction du contrevenant ou du transgresseur.
Dans la Bible, pour traiter le péché qui est la transgression des commandements de Dieu (I Jean 3. 4), Dieu utilise souvent la punition qui est un jugement de grâce pour faire cesser la transgression (Hébreux12.4-11) ou la vengeance qui est un jugement de colère de Dieu (ou jugement final) pour ôter de sous ses yeux le transgresseur impénitent (Nombres 14).
Les punitions de Dieu sont toujours consécutives à une désobéissance de l’homme. Jamais dans la Bible, Dieu n’a puni l’homme rien que pour son plaisir sans qu’il n’ait commis de transgression. Dieu qui est omniscient connaît le cœur de chaque humain, les motivations profondes de ses actes et proportionne la punition qui n’a, au demeurant, pour seul but que le rétablissement de Sa Sainteté parmi les hommes (Ézéchiel 33. 8-23). Cette sainteté qui produit la justice du croyant (Ésaïe 33.14-17 ; Jér 9.24) est le soubassement de la véritable adoration divine (Prov 21. 3 ; Ésaïe 5.16).
Dans l’histoire d’Israël, il est arrivé que des hommes pervers aient incité le peuple à pécher contre Dieu. Ces violations collectives des commandements de Dieu ont toujours donné lieu à des jugements de colère de Dieu ayant entraîné la mort par l’épée, par des épidémies et par des guerres où les méchants, c’est-à-dire les pécheurs ont été exterminés (Deutéronome 28.15-68) de même que leurs descendances parfois, selon ce qui est écrit dans Exode 20.1-6.
C’est le cas de Koré, Dathan, Abiram et On et de leurs enfants et petits-fils relaté dans Nombres 16.1-35 et de Acan fils Carmi et de ses enfants dans Josué 7 ou encore celui de Judas Iscariot et de ses enfants suite à sa trahison du Seigneur Jésus-Christ (Psaumes109. 6-20).
Les péchés des pères impénitents ne retombent pas toujours sur leurs enfants si ceux-ci ont une conduite irréprochable devant Dieu. Des exemples à ce sujet existent à foison dans la Bible (Ézéchiel 18.1-32).
Néanmoins, dans les Saintes Écritures, Dieu est peu enclin à agir de la sorte ; c’est quand Il sait, dans Son Omniscience, que les fils mettront le comble aux crimes de leurs pères (Ésaïe 65.1-8 ; I Rois15. 25-34) qu’Il anticipe pour que cela serve d’exemple à toute personne ayant le cœur attiré par le mal ( Ecclésiaste 8.11).
Les rois, à l’image des pères, ont pour fils leurs peuples. Selon qu’un roi est fidèle ou non à Dieu, le pays sera béni ou maudit (II Chroniques 25. 27, 28 ; II Chroniques 26. 4-5 ; II Chroniques 28.19-25). A titre illustratif, nous pouvons considérer la vie des rois suivants : Jéroboam, Abija, Asa, Achab, Josaphat, Josias, Ozias, Achaz, Ezéchias...
Dieu n’a jamais voulu qu’il y ait de roi en Israël (I Samuel 8.7 ; Osée 13.11). En sa qualité de Créateur, Il savait d’avance que la royauté en Israël ou ailleurs serait source d’abus, de dominations violentes et de violations de Ses commandements (I Sam. 8-11-17). Aussi préférait-Il être leur Dieu et leur Roi (Nombres 23.21b ; I Sam 12.12b). Mais hélas, Israël l’a rejeté et a préféré la domination humaine (I Sam10.19 ; I Sam 12.19). Dès cet instant, le destin du roi et celui du peuple étaient intimement liés (I Sam12.14-25). Le peuple a donc un devoir de surveillance, de veille dans la prière et de fidélité à son roi (I Tim 2.1-3). Si donc le roi tournait mal, s’élevait contre Dieu et se livrait à l’idolâtrie, c’était à eux de réagir, de prendre leur responsabilité pour le détourner du mal à n’importe quel prix. S’ils se taisent et obéissent aveuglément à ses ordres, ils deviennent plus coupables que lui. Ils ne sont pas seulement complices mais co-auteurs de ses crimes. Dans Deutéronome chapitre treize (13), Dieu ordonne aux enfants d’Israël d’ôter la vie à tout faux prophète et à toute personne qui les incite à adorer d’autres dieux que Lui. De plus, en donnant Ses ordonnances à Moïse, Dieu n’a pas fait acception des rois et des grands (Job 34.19-28) ; c’était la même loi pour le riche et pour le pauvre (Exode 23. 3, 6 ; Lev 19.15). Nul juge ne devait condamner le pauvre dans son innocence au profit du riche, ni déclarer le grand ou le roi qui est coupable, juste devant Dieu (Amos 2.6,7). D’où vient-il que Israël, hormis quelques sacrificateurs et prophètes, soutenait ses rois dans leurs iniquités et abominations contre l’Éternel des armées ?
Pourquoi croisait-il les bras devant leurs révoltes contre le Dieu vivant ?
Ne détruisait-il pas ainsi l’œuvre de l’Éternel ?
L’adultère de David (II Sam11), source de grandes souffrances pour Israël, aurait pu être évité s’il s’était trouvé parmi ceux qui étaient avec lui sur le toit de son palais, un seul serviteur de Dieu ; David se serait détourné du mal. Au contraire, ils s’empressèrent de l’aider à commettre ce crime. Ce péché a poussé David, qui voulait dissimuler son crime, à tuer Urie son fidèle serviteur. Il impliqua dans cet assassinat son serviteur Joab, chef de son armée. Dieu, ne faisant acception de personne, fut irrité et maudit David par Nathan le prophète (II Sam 12.7-12). Cette malédiction entraîna le viol de Tamar par son frère aîné Amnon (II Sam 13. 1-22). Au lieu d’appliquer sans complaisance la peine de mort que méritait ce viol doublé d’inceste, David désobéit une fois encore à Dieu. Cette injustice révolta Absalom frère de Tamar et fit qu’il perdit toute considération pour son père David. Il fit assassiner son frère aîné Amnon pour venger sa sœur (II Sam 13.23-33). Plus tard, le même Absalom lui fit un coup d’État (II Sam 15 à 18) qui l’obligea à prendre le maquis pendant de longues semaines car Absalom, le fils de ses entrailles, cherchait à le tuer. Suivit une guerre sanglante où David fugitif ne dut son salut qu’à la miséricorde de Dieu. Pendant ce temps, la majeure partie du peuple d’Israël avait trahi David et établi Absalom roi sur Israël. Ils recherchèrent activement aux côtés d’Absalom David pour le faire mourir ; lui qui a été un sauveur et un père pour eux ( I Sam17 et 18) ! Ce péché a avili David, a détruit sa maison, et a détruit la vie de plusieurs de ses sujets. Si seulement il y avait un seul qui aimait réellement Dieu, il aurait affronté David, même au prix de sa vie. Ceux qui étaient allés lui chercher la femme d’autrui n’étaient-ils pas ses complices ? Et cette femme-là aussi qui se lavait à découvert sachant bien que le roi avait l’habitude de se promener sur le toit de son palais ? Ne pouvait-elle pas refuser cette invitation dont elle connaissait déjà la finalité ?
Dieu ne pouvait que se fâcher : Son peuple s’était détourné de Lui.
L’histoire biblique d’Israël nous révèle que quand bien même le roi était fidèle à Dieu, le peuple continuait à adorer secrètement des idoles (I Rois 15. 9-15 ; I Rois 22. 43-45 ; II Rois 12. 2, 3). Et dès que le roi tombait dans l’adoration des idoles, le peuple dans sa grande majorité s’adonnait ouvertement et avec ardeur à l’adoration de faux dieux ( I Rois 14. 4-20 ; I Rois15. 26).
Voici ce pourquoi Dieu pouvait dire d’Israël et de Juda :
Ésaïe 29.13 : « Le Seigneur dit : Quand ce peuple s'approche de moi, il m'honore de la bouche et des lèvres ; mais son cœur est éloigné de moi, et la crainte qu'il a de Moi n'est qu'un précepte de tradition »
Ésaïe 30. 9 : « Car c'est un peuple rebelle, ce sont des enfants menteurs, des enfants qui ne veulent point écouter la loi de l'Éternel, »
ou encore
Jérémie 4. 22 : «Certainement mon peuple est fou, il ne me connaît pas ; ce sont des enfants insensés, dépourvus d'intelligence ; ils sont habiles pour faire le mal, mais ils ne savent pas faire le bien.»
Jérémie 8. 5 : «Pourquoi donc ce peuple de Jérusalem s'abandonne-t-il à de perpétuels égarements? Ils persistent dans la tromperie, ils refusent de se convertir. »
En considérant II Samuel 24, plusieurs s’étonnent du fait que Dieu ait puni de mort soixante-dix mille (70 000) personnes pour le péché de dénombrement du roi David.
En réalité, il n’y a rien d’étonnant là. Pourquoi ?
Premièrement, la Thora et ses enseignements étaient connus de tout Israël. Elle était lue lors des fêtes instituées par Dieu dans Sa Parole. Donc chacun savait que Dieu a rigoureusement interdit de dénombrer son peuple. Pourquoi les habitants du pays d’Israël ne s’étaient-ils pas vigoureusement opposés à cette violation d’un aussi grand commandement de Dieu ?
Au regard de Deutéronome 13, c’était une mise à l’épreuve de leur fidélité à Dieu. Certains diront qu’il s’agit dans Deutéronome 13 d’adoration d’autres dieux et non d’une simple violation d’un commandement divin aussi grand soit-il. Ils ont raison ! Seulement, en matière d’interprétation biblique, il faut parfois procéder par analogie.
N’est-il pas écrit ceci dans I Samuel 15. 22, 23 :
« Samuel dit : L'Éternel trouve-t-il du plaisir dans les holocaustes et les sacrifices, comme dans l'obéissance à la voix de l'Éternel? Voici, l'obéissance vaut mieux que les sacrifices, et l'observation de sa parole vaut mieux que la graisse des béliers.
Car la désobéissance est aussi coupable que la divination, et la résistance ne l'est pas moins que l'idolâtrie et les théraphim. Puisque tu as rejeté la parole de l'Éternel, il te rejette aussi comme roi. »
Ce dénombrement non inspiré est aussi grave aux yeux de Dieu que l’adoration d’un dieu étranger.
La sanction biblique du péché d’idolâtrie sous l’Ancienne Alliance, ne l’oublions pas, est la mort.
Deuxièmement, pourquoi tout ce que Israël comptait de sacrificateurs, de prophètes, de lévites et de grands ne s’étaient-t-ils pas opposés à ce dénombrement en allant reprendre le roi David ou à défaut sensibiliser le peuple et l’engager à ne pas se laisser recenser ? Seul Joab essaya de l’en dissuader mollement.
Troisièmement, en lisant de manière croisée II Samuel 24.1 et I Chroniques 21.1, nous comprenons que Satan était le véritable instigateur de ce dénombrement ; mais Dieu permit que David soit séduit par Satan car Il était en colère contre Israël à cause des nombreux crimes qui s’y commettaient. La Bible ne nous dit pas clairement l’objet de la colère de Dieu contre Israël ; mais connaissant la seule chose qui provoque le courroux de Dieu, on déduit aisément qu’il s’agit du péché qui est la violation de ses ordonnances (I Jean 3.4). Plusieurs commentateurs bibliques ont voulu rattacher cette colère de Dieu à la rébellion du peuple lors de la révolte d’Absalom. L’essentiel n’est pas là. Une chose est sûre : David n’était pas en bonne communion spirituelle avec Dieu. Autrement, il aurait vite perçu le piège du diable et aurait accepté les objections de son serviteur Joab.
Certes, David est coupable de rébellion contre Dieu ; mais il a été séduit par Satan parce que le peuple d’Israël n’a pas suffisamment veillé sur lui dans la prière. Il ne pouvait en être autrement puisqu’il vivait lui-même dans une désobéissance qui irritait l’Éternel des Armées.
Le peuple d’Israël a donc manqué à son devoir d’assistance spirituelle au roi et a excité la colère de Dieu par de nouveaux péchés. Il est normal qu’il soit si durement puni par Dieu qui n’a pas frappé au hasard mais en toute connaissance de cause. Étant Omniscient, Dieu connaissait spécifiquement ceux du peuple contre qui Sa colère s’était enflammée.
Tout peuple donc qui ne prie pas sérieusement pour son chef ou son roi est le principal responsable de ses mauvais actes. Cela se comprend en considérant Daniel chapitre onze(11) :
Daniel 11.1 : « Et moi, la première année de Darius, le Mède, j'étais auprès de lui pour l'aider et le soutenir. »
Dieu campe toujours un ange auprès de chaque autorité ou de chaque personne élevée en dignité ; le diable fait aussi de même en envoyant un démon ou des démons. Si donc un peuple ne prie pas pour son roi ou chef, il le livre entre les mains des démons, le rendant par là-même sourd aux conseils de Dieu.
Jérémie 48.10 : « Maudit soit celui qui fait avec négligence l’œuvre de l'Éternel, maudit soit celui qui éloigne son épée du carnage! »
Pasteur Dewis HIILLAH
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