Abraham : un modèle de patience
Demandez à tout étudiant de la Bible qui est le père de la foi ; il vous répondra sans hésiter que c’est Abraham. Et pour vous en convaincre, il s’appuiera sur des passages comme Romains 4.10-17, Galates 3.6-9, Galates 3.29 et Luc 16.19-31. Mais si vous lui demandez qui, dans la Bible, est un modèle de patience, il hésitera un bon moment, et il est peu probable qu’il vous cite Abraham comme étant le parangon de la patience. La raison est toute simple : il n’a pas fait le lien entre la foi et la patience.
Pour demeurer ferme dans la foi par ces temps incertains comme ceux d’Abraham, temps fâcheux où chaque seigneur faisait de la vie de ceux qui étaient sous son autorité administrative ce qu’il en voulait, il fallait avoir une grande et fervente persévérance. Il fallait souffrir sans se décourager en ayant les regards sur les promesses de Dieu. Il fallait tenir ferme dans l’adversité. Et c’est bien là l’une des deux principales définitions du mot patience dans la Bible.
Dans le Nouveau Testament, deux expressions grecques ayant originellement des sens différents sont rendues en français par le même terme "patience". Il s’agit de :
1- Makrothumia et des mots de la même famille qui ont le sens de longanimité, indulgence, lenteur à la colère, réticence à sanctionner, tolérance de la faiblesse chez autrui, douceur ou retenue face à la provocation ou la "patience dont fait preuve celui qui a le pouvoir de faire cesser ce qui lui déplaît" ;
2- Hupomone qui a le sens d’endurance dans l’épreuve, de persévérance, d’attente courageuse, ou de fermeté dans l’adversité.
Dans l’Ancien Testament, les mots dont la traduction en français donne patience, ont aussi l’un ou l’autre sens selon les divers contextes ou versions.
Abraham, homme connaissant Dieu et marchant fidèlement avec Lui au point où Dieu l’appelait son ami (Jacques 2.23), était un homme doux, lent à la colère, peu porté à la violence sauf en cas d’extrême nécessité comme lorsqu’il s’est agi de délivrer son neveu Lot (Gen 14) ; neveu qui, rappelons-le, l’avait proprement et publiquement outragé au point où ils durent se séparer(Gen 13.5-11). Il avait cette propension à la mansuétude qui le poussa à risquer sa vie pour celui qui avait fait preuve d’ingratitude et de méchanceté à son endroit. A sa place, plusieurs parmi nous ne l’auraient pas fait ! Élever un orphelin(Gen 11.26-31) de père et de mère, l’entretenir comme son propre enfant, veiller sur son héritage et le faire prospérer(Gen 13.5) pour se voir après traité de la sorte publiquement ! Pour le commun, c’est la pire des humiliations.
Mais l’homme de Dieu, le prophète(Gen 18.17 ; Amos 33.7 ) qu’était Abraham, n’en avait cure ; il avait suffisamment de grandeur d’âme pour faire preuve d’amour et de patience envers Lot au point de mettre sa propre vie en danger. Que Dieu nous donne une telle patience ! Quel homme exceptionnel !
En obéissance à Dieu, il quitta sa patrie pour des contrées lointaines(Gen 12.1-6), le pays de Canaan, accomplir le plan éternel de Dieu qui voulait susciter un peuple qui lui appartienne en propre sur toute la terre. Un peuple élu qui lui obéirait au doigt et à l’œil. Cette mission était difficile ; ni le diable ni les hommes impies ne pouvaient l’accepter. Et devant la multiplicité des obstacles, Abraham alla, parcourant tout le pays de Canaan(Gen 13.14-17) au prix de sa vie, tremblant parfois au point d’engager sa femme au mensonge afin de sauver sa vie (Gen 12.6-16 ; Gen 20.1,2). Dieu, fort heureusement, veillait sur lui et empêchait quiconque de toucher à ce qui lui appartenait (Gen 12.17-20 ; Gen 20.3-18). Abraham, en ces moments difficiles, persévérait dans la foi et endurait toutes ces souffrances physiques, morales et spirituelles avec patience. De notre position aujourd’hui, il nous est difficile, voire très difficile d’appréhender les souffrances qui furent les siennes au milieu d’une génération d’impies. Ceux qui sont dans des zones de conflits armés seront plus à même de percevoir la profondeur de sa détresse par moments. C’est vrai que Dieu lui fit de grandes promesses(Gen 12.1-3 ; Gen 13.14-18 ; Gen 15.1-6 ), mais parfois, comme tout authentique adorateur de Dieu, il était visité par la crainte des hommes et le doute. Fatigué d’attendre pendant onze(11) ans la promesse de Dieu au sujet d’une descendance(Gen 12.1-3), il écouta la voix de sa femme et enceinta la servante de cette dernière(Gen 16) ; ce fut là, sa seule grave chute sur le chemin de la patience. L’histoire des hommes nous révèle chaque jour les conséquences néfastes de ce péché de désobéissance à la volonté de Dieu.
Au sujet d’Abraham, le Saint-Esprit par la bouche de l’apôtre Paul dans Romains 4.18-21 déclara ceci :
« Espérant contre toute espérance, il crut, en sorte qu'il devint père d'un grand nombre de nations, selon ce qui lui avait été dit : Telle sera ta postérité. Et, sans faiblir dans la foi, il ne considéra point que son corps était déjà usé, puisqu'il avait près de cent ans, et que Sara n'était plus en état d'avoir des enfants. Il ne douta point, par incrédulité, au sujet de la promesse de Dieu ; mais il fut fortifié par la foi, donnant gloire à Dieu, et ayant la pleine conviction que ce qu'il promet il peut aussi l'accomplir. »
Oui ! Il espéra contre tout bon sens, il espéra contre les lois de la nature, il espéra contre l’évidence de l’impossibilité biologique de sa femme de concevoir et ce, pendant 25 ans ! Sa foi a été profondément éprouvée. Il a été éprouvé dans sa logique ; il a été éprouvé par le mépris de ses parents, amis et serviteurs. Il a été éprouvé par l’apparence extérieure de sa femme. Il a été éprouvé par la ménopause de sa femme... Et comme le disent si bien les écritures, sa foi a été éprouvée et la foi qui passe par l’épreuve doit être soutenue par une grande patience.
Jacques 1.3 : « sachant que l'épreuve de votre foi produit la patience.»
Abraham aurait pu se décourager. Qui aujourd’hui peut faire preuve d’une telle persévérance dans l’attente malgré les évidences biologiques ? Quel courage ! Moïse, selon la Bible, était en son temps l’homme le plus patient de la terre :
Nombres 12.3 : «... Or, Moïse était un homme fort patient, plus qu'aucun homme sur la face de la terre.»
Mais cette patience n’est pas la patience "Hupomone" c’est-à-dire
l’endurance dans l’épreuve, mais il s'agit d’une patience " Makrothumia" c’est-à-dire de douceur, de lenteur à la colère, d’indulgence, de tolérance devant la faiblesse d’autrui. La patience d’Abraham est la même que celle dont le chrétien doit faire preuve pour parvenir à la piété qui est l’amour de Dieu(II Pierre 1.6).
L’endurance dans les persécutions, les tentations et les épreuves aide le chrétien à s’affermir, à grandir et mûrir en Christ ; chaque évènement heureux ou malheureux nous enseigne de précieuses leçons qui nous aguerrissent dans le combat spirituel.
Chaque épreuve exerce notre jugement et augmente notre confiance en Dieu tant et si bien qu’épreuve après épreuve nous devenons de plus en plus coriaces pour le monde des ténèbres et tendons inexorablement vers l’état d’hommes faits en Jésus-Christ. C’est pourquoi, il est écrit :
Jacques 1.4 : « Mais il faut que la patience accomplisse parfaitement son œuvre, afin que vous soyez parfaits et accomplis, sans faillir en rien.»
Abraham a mené, sans répit, le combat de la foi pendant cent (100) ans (Gen 12.4 ; Gen 25.7) tenant ferme, contre vents et marrées, dans l’adversité, les afflictions et les épreuves.
Jacques 5.11 : « Voici, nous disons bienheureux ceux qui ont souffert patiemment. »
Pasteur Dewis HILLAH
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