Jean 15 : 15
Il était une
fois un grand jardin, merveilleux, au milieu d’un royaume. Le maître aimait à
s’y promener quand la chaleur du jour devenait accablante.
Il
affectionnait tout particulièrement le bambou qui lui semblait l’arbre le plus
beau de toutes les plantes de son jardin.
Au fil des
années, ce bambou grandissait, devenait vigoureux et toujours plus conscient de la faveur du
Maître.
Un jour,
celui-ci s’approcha de l’arbre et le bambou inclina son faite respectueusement. Le Maître lui
dit :
- Mon cher
bambou, j’ai besoin de toi.
Il semblait
que le grand jour fut enfin arrivé, le jour pour lequel le bambou avait été
créé. Le bambou répondit donc d’une voix douce :
- Maître, je
suis prêt. Fais de moi ce que tu voudras.
-Bambou,
ajouta le Maître d’une voix solennelle, pour me servir de toi il faut que je te
coupe.
-Me
couper ! Moi que tu considères comme la plus belle parure de ton jardin,
non ! Ne fais pas cela !
-Mon cher
bambou, répondit le Maître, si je ne te coupe pas, tu ne sers de rien.
Le jardin se
fit calme ; le vent arrêta son souffle, le bambou inclina sa tête
doucement et puis lui murmura :
-Maître,
puisque tu ne peux m’utiliser sans me couper, alors je suis prêt : arrache-moi !
-Mon cher
bambou, il me faudra t’enlever toutes les branches et toutes les feuilles.
-Ah !
Non, pas cela, détruis ma beauté, mais laisse-moi mes rameaux de feuilles.
-Si je ne te
les enlève pas, je ne peux pas t’utiliser.
Le soleil se
cacha, un papillon s’envola et le bambou, tremblant à l’idée de ce qui allait
lui arriver, dit dans un souffle :
-Maître,
enlève les rameaux et les feuilles.
-Bambou, dit
encore le Maître, il faudra te faire autre chose : Je te couperai par
le milieu et je t’enlèverai le
cœur ; si je ne le fais, tu ne sers de rien.
-Oui,
Maître : arrache le cœur et découpe.
Alors le
Maître du jardin arracha le bambou, coupa ses rameaux et toutes ses feuilles,
le tailla en deux sur toute sa longueur et lui enleva le cœur.
Puis, il le
transporta près d’une source d’eau fraîche et scintillante au milieu des champs
desséchés. Il déposa le bambou soigneusement sur le sol ; il posa l’une
des extrémités du tronc sous la source tandis que l’autre atteignait le sillon
d’arrosage dans le champ.
La source
chanta sa joie, l’eau claire bondit à travers le corps déchiqueté du bambou
jusque dans le canal et se mit aussitôt à abreuver les champs assoiffés. Puis on repiqua le riz
et les jours s’écoulèrent ; les pousses grandirent et ce fut bientôt le temps de la moisson.
C’est ainsi
que le bambou, autrefois si majestueux, devint dans son humble état de débris,
une grande bénédiction.
Quand il
était encore grand et beau, il ne poussait que pour lui-même et se réjouissait
de sa beauté.
Mais dans
son brisement, il était devenu un canal dont le Maître se servait pour faire
fructifier son royaume.
XX
Mission
Maranatha Yverdon, Suisse.
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