Le purgatoire était
inconnu au Ve siècle, comme le montrent ces paroles de "saint Augustin" lui-même :
«
Lorsque l'âme est séparée du corps, elle est à l'instant placée en paradis à
cause des bonnes œuvres ou précipitée en enfer pour ses péchés. »1
« Il n'existe point de lieu mitoyen, dit-il
encore ; celui qui n'habite point avec Jésus-Christ ne peut être ailleurs
qu'avec le diable. »
Il était réservé au pape Grégoire le Grand, à la fin
du Ve siècle, de poser le premier fondement de cette prison des âmes
qui s'appelle le purgatoire. Il composa à ce sujet un livre rempli des contes
les plus absurdes.
Cependant, la doctrine du soulagement des
morts par les prières et l'argent des vivants ne fut introduite dans le culte
public qu'en 998, sous les papes Jean
XVII et Grégoire V ; et la fête des morts, approuvée par le Saint-Siège en 1001, fut dès lors
régulièrement célébrée dans l'Église. En 1563 seulement dans la dernière
session, le concile de Trente rendit enfin un décret faisant du purgatoire un
article de foi imposé à tous les fidèles catholiques romains.
On peut dire en toute vérité que le
Nouveau Testament tout entier n'est qu'une longue condamnation de la doctrine
du purgatoire. Si quelqu'un avait besoin d'être purifié, c'est bien le brigand
sur la croix. Or, Jésus lui dit :
«
Aujourd'hui tu seras avec moi dans le paradis. » (Luc 23. 43).
Remarquez,
d'ailleurs, qu'au sujet de la vie à venir, l'Évangile ne fait jamais mention
que d'un lieu de bonheur et d'un lieu de malheur, d'un paradis et d'un enfer2 ; jamais il ne parle d'un
lieu intermédiaire, excluant ainsi toute idée même de purgatoire.
Cette observation
suffirait, à la rigueur, pour montrer comment ce dogme est en opposition
absolue avec tout l'enseignement du
Christ. Mais il y a plus : une telle
croyance est une injure sanglante à l'amour de Dieu, comme aux mérites mêmes du
Sauveur.
Quoi ! Le Dieu plein
de miséricorde qui a donné Son Fils au monde et qui offre Sa grâce aux plus
grands pécheurs, nous dirait : Je
te pardonne, mais, en attendant, tu vas passer des centaines d'années peut-être
dans les flammes du purgatoire ? Ne serait-ce pas, de sa part, une indigne et
cruelle dérision ? Quoi ! Jésus-Christ a porté nos péchés sur la croix, Il a
tout accompli, « il est pour nous justice, sanctification et rédemption »(
1 Cor.1, 30), et l'on vient nous dire que son sacrifice n'est pas parfait,
qu'il faut y ajouter les souffrances inouïes du purgatoire ! …
« Le sang du Christ, nous purifie de
tout péché », et, en face de cette parole de l'apôtre Jean, on ose
soutenir que c'est nous qui devons nous purifier dans les flammes ! N'est-ce
pas là fouler aux pieds l'Évangile,
outrager odieusement le divin crucifié et déclarer Dieu cruel et menteur dans
toutes ses promesses ?
On ne peut songer
sans indignation à toutes les iniquités qu'enfante chaque jour le purgatoire.
Il fait de Dieu, un Dieu d'argent, favorable aux riches et sans aucun égard
pour les pauvres. Vous avez perdu quelque membre de votre famille. Le prêtre vous dit naturellement qu'il est en
purgatoire et qu'il faut des messes pour l'en tirer. Oui, mais les messes se
payent. Vous êtes riche, vous versez l'argent, et les messes se multiplient et
l'âme du défunt est tirée des flammes. Mais voilà un pauvre qui est aussi dans
le deuil. Il voudrait également faire dire des messes pour le repos des siens.
Malheureusement, il n'a pas d'argent. Or, pas d'argent, pas d'âme arrachée aux
tourments infinis du purgatoire. Ainsi, parce que je ne puis pas payer le
prêtre d'une Église qui a établi un tarif pour les grâces de Dieu et qui en
trafique je n'obtiendrai rien du Seigneur ? Les âmes de mes bien-aimés
resteront indéfiniment dans ces terribles flammes ? Je vous le demande, si une
telle énormité pouvait s'accomplir, où serait la justice de Dieu ? Où seraient
Son amour et Sa compassion ? C'est pourtant la monstruosité qu'on nous enseigne
_ et qu'on pratique, _ depuis que l'Église a trouvé cette mine d'or du
purgatoire qui fait couler le pactole dans son sein, mais qui couvre d'opprobre
toute l'œuvre de Jésus-Christ.
(Vie et Liberté)
2. Luc 16.19-31 et plus tard la géhenne (étang ardent de feu et de soufre).
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